Hôtel Hanau-Lichtenberg puis Hesse-Darmstadt (Hôtel de ville). Le comte Jean René III de Hanau-Lichtenberg (luthérien), après avoir demandé des plans à Robert de Cotte confie finalement la construction à son architecte personnel, Christian Louis Hermann ((1688-1751), Baudirector des bâtiments du comté. Le chantier commence en 1731 apparemment d’après le projet C de R. de Cotte remanié par Hermann. À la mort du comte en mars 1736, l’hôtel passe à son petit-fils Louis IX de Hesse-Darmstadt. Hermann est remplacé fin 1736 par Joseph Massol qui signale en 1737 la fin des travaux de sculpture de la façade sur cour ; l’hôtel est achevé en 1738.
Les façades sont partiellement parementées en grès. Vers la place, elle comporte quatre niveaux (sous-sol demi-enterré, rez-de-chaussée surélevé et deux étages) et dix-sept travées de fenêtres, celles du rez-de-chaussée sont en plein cintre pour les trois avants-corps. Celui du centre est entièrement parementé de grès, couronné par un fronton et précédé d’un perron. Côté cour d’honneur, l’ancien corps de logis ou corps principal est de plan en U, à trois hauts niveaux et onze travées de baies. Le rez-de-chaussée ajouré d’arcades en plein cintre est partiellement ouvert et forme porche ; dans l’axe central, avant-corps convexe, à fronton, orné de sculptures. Les ailes en retour, bien que plus basses que le corps de logis, comptent quatre niveaux ; leurs façades à trois travées vers la rue, ornées de mascarons au rez-de-chaussée, sont reliées par une monumentale porte cochère sculptée.
Neuf mascarons vers la place (1736)
Ils sont situés sur les trois avant-corps. Les trois mascarons du rez-de-chaussée de l’avant-corps central, sur clés de cintre à grands cartouches sont peut-être refaits, en tout cas ils ne sont pas du même atelier que les autres mascarons de l’hôtel. Divinités champêtres coiffées à l’antique (mèches ou nattes nouées sous le menton) représentant peut-être Bacchus entre deux Nymphes ou Bacchantes . Les autres, à l’étage noble, sur les avants-corps latéraux, montrent des Nymphes (?) coiffées de fleurs de part et d’autre d’un Faune et d’un Satyre . Ils sont de la même veine que les mascarons sur cour.
Quinze mascarons sur cour (1737)
La façade du corps de bâtiment principal a un avant-corps central convexe. Les mascarons se situent sur différents types de cartouches. Certaines têtes sont caricaturales, les iris sont creusés en cupule. Au rez-de-chaussée, on peut reconnaître, se répondant de part et d’autre d’un Jupiter central avec éclairs et flammes (peu visibles) et traces de bûchage sur la tête, des Satyres à cornes, des Silènes à grandes mèches de poils, des Faunes à grandes oreilles, des Démons grimaçants et un Sylvain (?). Sous le porche, entre deux trophées d’instruments de musique, se situe un mascaron qui représente vraisemblablement Apollon avec sa couronne de lauriers. À l’étage, dans la partie centrale au-dessus de Jupiter, Diane avec croissant de lune et coiffure à l’antique (sur un écu), Actéon avec dépouille de cerf et Aurore avec étoile et coiffure à l’antique (également sur un écu).
Six mascarons sur rue (1738 ?)
Deux corps de bâtiments secondaires, de part et d’autre du grand portail sur cour, donnent sur la rue Brûlée. Les mascarons qui ornent les baies sont abîmés, la morphologie des têtes aux traits modelés semble en avoir inspiré d’autres dans la ville. Quatre d’entre eux présentent des coiffures à l’antique. Flore ou le Printemps avec fleurs sur la tête et mèches de cheveux nouées à l’antique, sous le menton ; Mars (?) casqué rappelant probablement la gloire et la valeur du prince (la partie antérieure du casque a disparu) ; Cérès ou l’Été avec épis de blé et mèches nouées ; Bacchus ou l’Automne avec raisins et mèches nouées ; Hercule , symbolisant la force et la puissance, coiffé de la dépouille du lion de Némée ; Vulcain (?) ou l’Hiver exceptionnellement imberbe, à bonnet et nattes nouées.