Marché-aux-Poissons (place du) N°4

Hôtel bourgeois de riche négociant luthérien, construit en 1756 pour Simon Zollikoffer et sa première épouse Marie Dorothée Obermuller. L’hôtel n’est pas encore achevé cette année là, ainsi qu’en témoigne l’inventaire après décès de cette épouse. Il est construit sur un jardin au bord de l’eau, propriété du père, Jacques Christophe Zollikoffer qui avait obtenu pour la maison projetée par son fils l’autorisation de l’orner d’un balcon. Lui même avait acheté en 1747, avec ce jardin, une maison comportant six arcades au rez-de-chaussée et un étage sous toit à versants brisés, donnant sur la place. Elle avait été construite en 1732 pour Jean Balthasar Bischoff. Cette maison figure sur une gravure de 1744. Après la mort du père en 1774, le fils Simon réunit les deux propriétés Zollikoffer. La façade de l’hôtel vers l’Ill comportait en 1845 un rez-de-chaussée et deux étages avec balcon au premier étage et dans le toit une grande lucarne en œil de bœuf. Il a été surhaussé d’un troisième étage entre 1847 et 1857 pour le nouveau propriétaire, Gustave Adolphe Hummel. C’est lui aussi qui a fait reconstruire et surhausser la maison à arcades de 1732, côté place.

La façade de prestige vers l’Ill, compte quatre niveaux et sept travées de fenêtres. Pour le rez-de-chaussée et les deux premiers étages elle est parementée de grès et ornée de fausses clés sculptées. Le troisième étage ajouté est crépi. Des pilastres encadrent les trois travées centrales donnant l’illusion d’un léger avant-corps ; un balcon sur quatre consoles se situe au premier étage, la grille du XVIIIe siècle a été remplacée après la guerre par l’actuelle grille moderne. Des cordons richement moulurés limitent les étages. La façade vers la place, reconstruite pour Hummel, comporte huit travées de baies ; les deux travées de l’extrémité gauche, avec arcades en anse de panier au rez-de-chaussée, correspondent à la façade latérale de l’hôtel de Simon Zollikofer.

Dix mascarons

ornent la façade vers l’Ill. Au rez-de-chaussée figurent sur des agrafes, les Quatre parties du monde. L’Europe avec casque à large panache, l’Asie à turban avec broche à perles, l’Afrique avec pendants d’oreilles et dépouille d’éléphant, l’Amérique à cheveux crépus, pendants d’oreilles et coiffe à plumes (amputée de sa partie supérieure). Au premier étage, au centre, sur fond de rocailles, Mercure, à cheveux bouclés, avec casque ailé, caducée, pli, bourse et lanière de cuir ; de part et d’autre, les Quatre saisons, sans cartouche, le Printemps et l’Automne à cheveux ornés de fleurs et de pampres de vigne (raccord de sculpture en partie supérieure), l’Été avec petit chapeau de paille à épis (bas du visage restauré ?) et l’Hiver, vieillard, yeux froncés et capuche de fourrure (raccord de sculpture). Au deuxième étage, dans la travée centrale, sur agrafe, Neptune, entouré de feuilles d’eau et de roseaux, couronne abîmée (?), barbe fluide et sourcils en mèches (comme pour les Neptune de la rue du Dôme).